Antoine Boulad – Rencontre avec Dominique Eddé pour un échange autour de son oeuvre littéraire

La rencontre d’hier soir avec Dominique Eddé à la bibliothèque Monnot ne ressemblait à aucune autre rencontre que j’ai pu conduire ou à laquelle j’ai pu assister jusque-là. Et ce n’est pas parce que ses romans, de la Lettre posthume à Kamal Jann en passant par le Cerf-volant, ne ressemblent évidemment pas aux romans d’autres écrivains mais parce que d’entrée de jeu et avant même que l’animateur n’accueille le public d’amis qui avait bravé la pluie qui tempêtait dehors dans Beyrouth, l’invitée bousculait les conventions, précipitant la vraie vie dans la salle, comme son oiseau en papier nargue les frontières, celles des pays et celles qui séparent la littérature de la réalité du monde. Et voilà Dominique Eddé qui nous raconte de manière truculente et avec une vive intelligence ce qui lui était arrivé la veille en rentrant chez elle après une soirée chez des amis, pour conclure qu’en dépit de tous les effondrements et de toutes les humiliations qu’ils/elles subissent, les Libanais.es demeuraient un peuple avec un « taux sidérant de gens exécrables mais également de gens aux qualités impressionnantes », et le Liban, un lieu où des hommes et des femmes continuaient de porter la force du changement.